Précis d'ilim
Je n'ai malheureusement pas encore trouvé le moyen d'afficher ici l'alphabet que j'ai mis au point pour écrire en langue ilim. Je ne donne donc que la transcription des mots dans notre alphabet.
Voici néanmoins quelques rudiments :
Introduction
Même si la langue ilim n'a pas été créée par les Peuples de l'Eau, mais a été inventée de toutes pièces afin de servir des objectifs précis, elle n'en a pas moins été modifiée et augmentée au fil du temps par ses locuteurs, qui l'ont imprégnée de leurs émotions et de leurs observations.
Selon la légende, l'homme parlait, mais ne
savait pas écrire. Il pria le Ciel de lui donner l'écriture. Une voix retentit
alors dans sa tête, qui l'invita à mener ses troupeaux en un lieu, où il vit
sur le sol sept bouts de bois disposés de manière à former deux carrés
superposés. La voix dans sa tête reprit :« Voici
le symbole qui Me représente. En haut, Ma Maison; en bas, la tienne. Le Tout
est l'Infini, qui est Moi. Il y a sept bouts de bois, car je suis formé des
sept éléments qui constituent l'univers : les trois éléments du bas
(l'eau, la terre et le feu), l'élément qui lie la maison du haut et celle du
bas (l'air), et les trois éléments du haut (le ciel visible, le ciel invisible
− domaine des âmes - et, au-delà du ciel invisible, le principe premier, qui
n'a ni commencement ni fin, l'Incréé qui a tout créé, Moi). Dans ta langue,
ce caractère se dit ohi. » L'homme
reconnut qu'il s'agissait du chiffre huit, chiffre parfait (8). Il sut alors que cela était bien. La voix
poursuivit :« Prends les bouts de bois et dispose-les de façon à
former l'alphabet de ta langue. Ma main te guidera. » L'homme prit alors les
bouts de bois et les disposa de manière à former l'alphabet de sa langue. Et Ohi guida sa main. C'est ainsi que
naquit l'écriture.
I. L'alphabet
Ci-après les pages numérisées correspondant à la section « alphabet » de mon manuscrit.


II. L'écriture
L'écriture des scribes est carrée, tandis que l'écriture cursive est arrondie.
Il n'y a ni majuscules ni minuscules. Dans le discours, un changement d'intonation au début du mot constitue l'équivalent d'une majuscule.
Les seuls signes de ponctuation dans les textes écrits sont deux petits carrés, un blanc et un noir, placés à mi-hauteur, le premier signifiant une pause dans la phrase (équivalent de la virgule) et le second, la fin de la phrase (équivalent du point).
III. La grammaire
La marque du pluriel est la lettre m (im quand le mot se termine par une consonne). Exemple : ili signifie « homme »; ilim signifie « les hommes » et, par extension, « le peuple ».
Le suffixe én ‒ hén devant une voyelle, quand celle-ci ne s'élide pas ‒ est la marque du verbe. Exemple : afa signifie « début, commencement»; afén signifie « débuter, commencer ». Il existe trois temps de verbe : le passé (éniba), le présent (én) et le futur (énira). Les verbes restent invariables, le pronom qui le précède servant de marque de personne.
PRÉSENT
a afén je débute
ti afén tu débutes
i afén il débute
o afén elle débute
am afén nous débutons
tim afén vous débutez
im afén ils débutent
om afén elles débutent
PASSÉ
a aféniba j'ai débuté
ti aféniba tu as débuté
i aféniba il a débuté
o aféniba elle a débuté
am aféniba nous avons débuté
tim aféniba vous avez débuté
im aféniba ils ont débuté
om aféniba elles ont débuté
FUTUR
a afénira je débuterai
ti afénira tu débuteras
i afénira il débutera
o afénira elle débutera
am afénira nous débuterons
tim afénira vous débuterez
im afénira ils débuteront
om afénira elles débuteront
IV. Particularités
· Prénoms
Tous les prénoms masculins se terminent en i, symbole du phallus.
Tous les prénoms féminins se terminent en o, symbole du ventre qui porte les enfants.
Le prénom d'un enfant indique son rang dans la fratrie. Ainsi, le prénom d'un premier-né se termine toujours par ini, si c'est un garçon, ou ino, si c'est une fille (in signifiant «un»). Le prénom du deuxième-né se termine par dimi ou dimo (dim = deux). Ainsi de suite. Si un enfant meurt avant la naissance du suivant, celui-ci prend le prénom de l'enfant décédé.
· Noms
Chez le Peuple de la Source, il n'y a pas véritablement de nom de famille. Pour identifier quelqu'un, on dira par exemple : Alimsani fils d'Anigami (Alimsani tchi Anigami).
Chez le Peuple du Lac, l'élément « fils de » (ou « fille de ») est placé comme suffixe après le prénom du père pour former un véritable nom. Par exemple, Bradjsano Niosibikio est la fille de Niosibi (Niosibi + kio).
Au couvent de la Pénitence, chez le Peuple du Lac, toutes les sœurs ayant prononcé leurs vœux perpétuels abandonnent leur nom et en choisissent un autre, plus conforme à leur nouvel état. Elles utilisent le modèle « Dieu + adjectif représentant une de ses qualités ». Ainsi, la Supérieure (ou Grande Sœur) du couvent a-t-elle choisi de s'appeler Ohimoro ‒ littéralement, « Dieu [est] sage » (ohi + mor + o, terminaison des noms féminins).
Chez le Peuple de la Rivière, les noms ont évolué dans deux directions différentes. Au début, les Ilim n'avaient pas de nom de famille, comme chez le Peuple de la Source. Mais, au bout d'un certain temps, les familles aînées ont voulu se distinguer en adoptant comme nom de famille le prénom de leur plus lointain ancêtre connu, auquel ils ont ajouté la particule « in » pour bien marquer la supériorité de leur origine. Ainsi, telle famille a-t-elle déterminé que son ancêtre commun se prénommait Morini. Tous les membres de cette famille ainsi que leurs descendants se sont donc appelés « in Morini », la mode des prénoms formés d'une « qualité» suivie du rang dans la fratrie et de la terminaison « i » pour les garçons et « o » pour les filles s'étant par ailleurs perpétuée (par exemple, « Firino in Morini »). Chez les autres Ilim, on a continué pendant des lustres à utiliser la formule « prénom + fils de », jusqu'à ce que se forme le clan dit des « Exclus » qui, en s'opposant au Temple et aux familles aînées (et en réaction à ces derniers), ont introduit les noms de famille basés sur le métier ‒ par exemple, Hétzimril (Fabricant) ‒ le lieu d'origine ‒ par exemple, Ibag (Lamont, nom d'un hameau) ou Xatag (Larivière, le premier du nom ayant habité au bord de la rivière) ‒ ou le surnom ‒ par exemple, Madja (Legrand, le premier du nom s'étant distingué par sa taille exceptionnelle). On a par ailleurs conservé, pour les prénoms, la formule traditionnelle. On trouve donc chez le Peuple de la Rivière des « Akini Hétzimril », des « Radjsani Ibag » et des « Vasdimi Madja ».
Chez le Peuple de la Mer, l'évolution observée chez le Peuple de la Rivière s'est poursuivie, si bien que la très grande majorité des noms de famille sont dorénavant inspirés du métier, du lieu d'origine, d'un surnom donné à l'ancêtre, etc. Deux exceptions : quelques familles aînées ont conservé la particule in qu'elles avaient jadis insérée entre leur prénom et leur nom et, à Ohigaram (Ville-Dieu), où se sont établis ceux qui se disaient victimes de persécutions religieuses de la part des autorités civiles, on a rétabli l'ancienne coutume consistant à ne porter qu'un prénom, auquel on ajoute, par souci de précision, « fils d'Untel ». Pour les prénoms, on a perpétué partout dans Hastamouzag Parimgaram ainsi qu'à Ville-Dieu la formule traditionnelle (qualité + rang dans la fratrie).
· Temps
Les Ilim ne comptent pas en années, mais en retours de printemps (rafsim, pluriel rafsimim), ni en mois, mais en lunes (hissaradj, pluriel hissaradjim), ni en jours, mais en soleils (kalradj, pluriel kalradjim).
Un retour de printemps se divise en douze lunes de 28 soleils et dure donc 336 soleils.
Les retours de printemps débutent à la première lune du printemps (inhissaradj ‒ littéralement « première lune » [in + hissaradj]) et se terminent à la fin de la dernière lune de l'hiver (dimhétimdimhissaradj ‒ littéralement, « douzième lune » [dimhétimdim + hissaradj).
Le terme « semaine » n'existe pas. On dira plutôt, par exemple, premier, quinzième, vingt-cinquième soleil de la troisième lune.
Chez les Ilim, une période de vingt-quatre heures se dit kalradj (soleil). Un soleil comporte vingt-quatre « phalanges » (hétangdir, pluriel hétangdirim). Le jour (période de temps entre le lever et le coucher du soleil) correspond en effet aux douze phalanges de la main gauche (sans le pouce) et la nuit, aux douze phalanges de la main droite (sans le pouce). On distingue dans le jour quatre périodes principales : le lever du soleil (kalradjafa), l'avant-zénith (karhoptiba), entre le lever du soleil et son point de culmination dans le ciel, l'après-zénith (karhoptira), entre le point de culmination du soleil dans le ciel et son coucher, et le coucher du soleil (kalradjzita).
La longueur des heures varie en fonction des saisons.
Autres unités de temps :
Une chèvre traite (kifargouhéno) équivaut à environ cinq minutes (le temps de traire une chèvre).
Une respiration (mouzahr) représente le
temps qui s'écoule entre une inspiration et une expiration chez une personne au
repos, soit environ une seconde.
·
Préfixe né (néh devant une voyelle)
Pour des raisons que l'on ignore, la langue ilim a créé peu de termes à connotation
négative. Pour désigner les concepts « négatifs », les Ilim accolent tout simplement au terme positif opposé le préfixe né, qui signifie « absence de ».
Ainsi, un ennemi, un rival, un adversaire sera un néhoumti ‒ littéralement, un « non-ami ». De même, «jour» se
dit radj (terme qui signifie aussi «
lumière ») et « nuit » se dit néradj
(ou « absence de lumière »).
· Suffixe ril (rol au féminin)
Le suffixe ril (rol au féminin) est souvent ajouté à un nom pour désigner un métier, une occupation ou la personne qui accomplit l'action indiquée par le nom. Par exemple, kifaril signifie « chevrier » (kifar + ril); hétminilénrol signifie « accoucheuse » (hét + minilén + rol); zordihabril signifie « voyageur » (zordihab + ril).
· Préfixe mik pour les couleurs
Le préfixe mik, qui signifie « comme » (terme de comparaison), ajouté à un nom désigne une couleur. Par exemple, mikharo (mik + kharo ‒ littéralement, « comme [le] ciel) » signifie «bleu».
· Suffixe tra pour constituer un dérivé adverbial
Le suffixe tra, ajouté à un mot permet de lui donner une fonction adverbiale. Par exemple, inami signifie « seul » et inamtra, « seulement ».
· Suffixe ili ou olo pour désigner l'habitant d'une ville ou d'une contrée
Le suffixe ili ou olo, ajouté à un nom de ville, de hameau ou de contrée, sert à désigner un(e) habitant(e) de cette ville ou de cette contrée. Par exemple, Ftamili désigne un Ftamien, habitant de la ville ou du territoire de Ftam.
. Suffixe tsi ou tso comme marque de respect
Le suffixe tsi ou tso (au féminin), ajouté au prénom, est une marque de respect pouvant signifier, pour un homme, « monsieur » ou « maître » et, pour une femme, «dame» ou «maîtresse ».
· Vi, pronom interrogatif et marque de l'interrogation
Placé au début d'une phrase, vi indique qu'une question est posée. Le terme signifie aussi « que », « qu'est-ce que ». Accolé à un autre mot, il forme avec celui-ci un pronom interrogatif distinct :
Exemples : vilok (où), viadva (comment),
vidiftaména (combien), vili ou volo (qui - autrement dit, « quel homme », « quelle femme »).
· Unités de mesure de longueur
Un petit doigt (minhétang) représente environ 5 centimètres.
Une coudée (ftarouoi) représente environ 50 centimètres.
Une lieue (touma) représente environ 4 kilomètres.