Illustrations


Anisano mo vanimzira (le livre de la mère d'Anisano)


« Quand elle se retrouva seule, son regard fit le tour de la chambre et s'arrêta sur son coffre de mariage, qu'on avait déposé dans un coin. Ce fut comme un déclic dans sa tête : le livre annoté par sa mère ! Elle se précipita, ouvrit le coffre, dénicha son écritoire et le serra joyeusement entre ses bras. Elle actionna le mécanisme permettant d'accéder au double fond et en tira un ouvrage fatigué aux pages écornées, dont elle ne se lassait pas d'admirer la couverture, pourtant bien ordinaire : une bordure festonnée encadrait le titre, Xatag, imprimé en gros caractères, noirs sur fond jaune. Point de nom d'auteur ni d'éditeur. Elle replaça l'écritoire parmi ses affaires dans le coffre, qu'elle referma, puis retourna s'asseoir sur le bord du lit.

Elle ouvrit délicatement le livre, comme si c'était la première fois, passa les doigts sur le nom inscrit à l'encre sur la page de garde : Oumino Rouoibradjril (c'était le nom de jeune fille de sa mère). Elle referma le livre et le déposa sur sa table de chevet puis, appuyant un oreiller à la verticale contre la haute tête de lit, elle s'installa confortablement. Elle reprit le livre, en tourna lentement les pages. Elle connaissait par cœur les annotations que sa mère avait griffonnées dans les marges et pouvait citer tous les passages qu'elle avait raturés.

Soudain, elle ne fut plus là, dans cette chambre, mais avec sa chère maman. »

                                                                                          Tome I, p. 231-232

Xatag mikalradjrék dimftaména (monnaie d'or de Xatag)

[Extrait du livre annoté par la mère d'Anisano]

« Devant le refus du Temple d'abdiquer son autorité, les Exclus ont pris les grands moyens. Ils se sont d'abord emparé des mines et ont battu monnaie à l'effigie de la Commune (à l'avers, le « X » stylisé de Xatag, symbole de l'autorité civile, avec sur le pourtour la légende « Commune de Xatag »; au revers, le chiffre correspondant à la valeur nominale de la pièce, avec sur le pourtour, les mots « Liberté » [d'être exploité], « Égalité » [dans l'inégalité] et «Solidarité » [entre exploiteurs]). Ils ont fait fondre les vieilles pièces d'or, d'argent et de bronze frappées à l'effigie du Maître Kama [beaucoup de ces pièces ont été jalousement conservées par des particuliers]. »

                                                                                                  Tome I, p. 238



Madjam Ikmintilam Minohigara

(Chapelle du hameau de Madjam Ikmintilam)

(sous l'illustration, l'échelle : 1 cm = 2 m)

« Même si l'édifice n'était qu'une réplique au tiers du Temple de Xatag, il n'en pouvait pas moins accueillir plus de deux cents personnes. C'était un bâtiment octogonal en pierre de taille, qui dressait orgueilleusement sur la place du village sa façade ornée au centre d'un porche élégant à toit en dos d'âne reposant sur deux colonnes torses. Sur le fronton semi-circulaire du porche avait été gravée dans la pierre, comme au Temple de Xatag, une scène essentielle du Livre : Ohi remettant aux Ilim ses Préceptes sur la Montagne Sacrée. Quant aux vantaux de bois du portail, ils reproduisaient dans de grands caissons octogonaux d'autres scènes inspirantes du Livre. Aux angles du bâtiment, des contreforts engagés assuraient la solidité de la structure, tandis qu'une large frise constituée de « huit » stylisés courait à mi-hauteur, sur tout le pourtour, afin d'agrémenter les murs nus. Chaque segment de l'octogone était percé de deux fenêtres en ogive ‒ une grande en bas et une toute petite en haut. Comme ces baies étaient ornées de vitraux où dominait la couleur jaune, l'intérieur de la chapelle baignait dans une lumière dorée. Enfin, la courbure des murs, qui donnait à l'édifice une forme conique, s'expliquait à l'intérieur par une astuce des architectes qui, à partir du plan octogonal original, avaient créé, en élevant la chapelle, des octogones de plus en plus petits dont les sommets coupaient les segments précédents en leur milieu. Le résultat était d'ailleurs impressionnant et les gens qui n'avaient jamais vu le Temple de Xatag pouvaient facilement imaginer l'effet grandiose de cette sorte de coupole qui s'élevait à trente coudées au-dessus du sol. »

                                                                                                          Tome I, pages 203-204

Les plus perspicaces d'entre vous auront remarqué que le portail ne semble comporter que six caissons octogonaux -- chose un peu bizarre quand on sait que le chiffre « huit », qui se dit en ilim « ohi », car il représente Dieu (voir la description dans le texte d'introduction sous l'onglet LA LANGUE ILIM), est omniprésent chez les Ilim.

Eh bien, non ! Il y a bien huit caissons octogonaux sur le portail. Les deux du haut sont dissimulés par le porche. 

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